Roxane Maurer

Artiste peintre – 1960-2014

Laurent Maurer — frère de Roxane Maurer

Annie, je l’ai rencontrée quand elle avait 5 ans et demi.

Annie m’a connu plus tôt quand j’étais dans le ventre de notre mère.

Dans l’enfance, Annie, je la voyais comme la grande sœur studieuse, vous savez, la fille blonde à lunettes, au premier rang et bonne élève
.
A cette époque, ce n’est pas Annie que je suivais pour aller faire des bêtises.

A son adolescence, et surtout dans sa période lycée j’ai vu une autre sœur : ça a été sa période baba cool, longs cheveux, robe à fleurs et sa guitare.

Puis, il y a eu la période punk. Imaginez Annie, avec les cheveux colorés. Moi je rentrais dans l’adolescence, je suis devenu fan de tous ses goûts, fan des Sex pistols, des Clash, des groupes skinhead très gauchistes, car il ne fallait pas se tromper et de Nina Hagen. Je n’étais pas punk, le seul truc que j’avais, c’était d’écrire « Sex pistols » sur mon cartable, en-dessous du logo Mondial 98, qui était écrit sur mon cartable. C’était le début de ses années fac de psycho.

Ensuite, elle a bifurqué sur le rock’n’roll, je suis devenu fan des Stray cats et des B52’s, mais aussi fan de groupe des années 50 comme Jerry Lee Lewis, Gene Vincent. C’est à ce moment-là qu’elle a essayé de monter un groupe avec des copines, je les ai jamais vu en concert.

Sa tenue vestimentaire a aussi changé, très années 50-60, comme on peut le voir dans la série télé Mad Men.

Un jour, elle m’a appelé pour me présenter un copain qui me ferait du soutien scolaire sur le français. Les parents désespéraient de mon niveau de français.

J’ai rencontré Annie et son copain, c’était en queue de train à la station de métro Place d’Italie, il était habillé en costume des années 50 avec sa casquette sur la tête et un foulard autour du cou, c’était le mec classe.

J’ai eu le droit à des dictées sur des textes de Louis Aragon ; de toute façon, j’avais l’impression qu’il n’avait que ça dans sa bibliothèque. Il n’a pas réussi à me transformer en cador du français, mais il m’a appris à aimer lire : Celine, Dashiell Hammett, Gide, Elsa Triolet, Albert Cohen.

Je me suis vite rendu compte que ce n’était pas, pour Annie, que le copain qui donnait des cours à son frère. C’était son ami, son amour avec un grand A.

Je les ai suivis dans leurs voyages de Londres à Samarcande. Dans les soirées avec leurs amis, chez des artistes, des dessinateurs de BD, et surtout une soirée déguisée qui fut pour moi mémorable chez un sculpteur, Annie c’était déguisée en Nina Hagen, un petit retour de son côté punk.

Puis Annie est entrée dans l’Art, comme on entre en religion. C’était ses débuts de peintre par des cours, mais aussi par l’Ecole du Louvre. Elle voulait comprendre le comment et le pourquoi.

J’étais impressionné de la capacité à reprendre des cours après des années de fac de psycho. J’étais fier de dire que ma grande sœur était à l’Ecole du Louvre. Je ne sais pas si ça impressionne, mais moi si.

La peinture a pris une grande place dans sa vie et il fallait de la place. Un jour, elle m’a donné rendez-vous pour visiter son premier atelier, un studio. En bas de l’immeuble, elle m’a dit : « Il est sous les toits avec une vue superbe sur Paris ». J’ai découvert qu’il y avait à Paris des immeubles de 8 étages sans ascenseur.

Et le studio est devenu trop petit ou trop haut. Alors elle a investi dans un deux-pièces à Romainville. Comme pour la musique, poussée par sa curiosité, elle a essayé différents styles et techniques de peinture, jusqu’à s’intéresser à l’art des rues et au travail d’artiste sur le numérique avec un ordinateur.

Et encore plus grand sa galerie. Elle serait arrivée à créer un musée des beaux-arts à Genouilly.

Maintenant, du fond de mon cœur, j’espère qu’elle rencontrera Michel-Ange, Léonard de Vinci pour comprendre pourquoi ce sourire, David, Rembrandt, Renoir, Picasso... Qu’elle puisse saluer aussi Elsa et Louis de la part de Valère.

Et revoir notre mère qui est avec elle. Merci

Laurent Maurer, son frère.