Roxane Maurer

Artiste peintre – 1960-2014

Foëcy - Exposition "passage" Le temps du regard - Jacques Feuillet - Le petit Berrichon - 15 octobre 2014

Dans cette magnifique salle du musée de la porcelaine Deshoulières à Foëcy, l’exposition "passage" est l’expression d’une vie riche qui donne sans compter.

Yo et Jacques Pinier forment un couple duo d’artistes qui propagent la beauté des choses, de celles qui vivent dans l’âme de ceux qui la reconnaissent.

Ils ont en plus, chevillé au corps, cette reconnaissance et cette tendresse envers celle qui a, lors d’une rencontre dans l’atelier de Yo, façonné une autre dimension à leur projet d’artistes : Roxane Maurer.

L’exposition "passage" est un hommage à cette grande artiste peintre passée par les Beaux Arts, l’école du Louvre. Installée voilà une dizaine d’année dans le bourg de Genouilly près de Vierzon, elle créait en 2013 "L’atelier 22", lieu d’expositions mais aussi de découvertes des différentes expressions culturelles.

Décédée en mai dernier, Roxane Maurer continue par ses œuvres exposées et notamment celles du musée Deshoulières, de perpétuer cette valorisation de l’art et de le magnifier.

Yo etJacques devaient y exposer voilà un an et : "nous partageons nos œuvres et notre vision du passage dans tous les sens du terme dans cette exposition d’échanges, de partages et d’influences eu égard à notre relation avec Roxane... ".

Yo est sculpteur céramiste, elle patine avec minutie mais sans calcul. Ses totems en terre de différentes couleurs, série nommée les uns, les unes et les autres, regroupe des sculptures dont le corps n’est pas travaillé pour rester dans le subjectif mais dont les visages yeux ouverts sur soi même ou fermés sur le monde sont tout à fait remarquables : "j’aime la terre, c’est comme la vie, ce n’est jamais gagné. J’ai beaucoup travaillé sur ces visages pour exprimer ce qu’ils cachent et qu’ils expriment comme histoire personnelle mais aussi entre eux. J’aime exposer dans ce genre de lieu et d’autres plus improbables : usines, gares, abbayes, chapelles, sentiers d’artistes, nature...". Il y a aussi sa collection de TNT (troupe des non travailleurs), petits bonhommes en terre cuite aux visages non travaillés qui, alignés poings serrés dans les poches, semblent ne plus savoir que faire de leurs mains de travailleurs sans travail avec un cœur transpercé comme signe de souffrance mais non de résignation. C’est un symbole poignant et un coup de gueule de l’artiste envers cet optimisme qui s’en va, une révolte sous jacente voir une explosion imminente. Jacques lui est photographe : « c’est une belle rencontre que ce passage avec un mélange de nos travaux respectifs mais qui s’articulent si bien dans notre constance à faire vivre cette complémentarité avec Yo et Roxane. J’ai débuté par la mise en scène des photos de sculptures de Yo. "C’est ainsi qu’est né cette volonté de mettre en résonnance des photos qui m’apparaissaient comme des correspondances dans leur complémentarité mais aussi dans leur opposition... ". C’est un véritable "cheminot" de la photographie, toujours un appareil avec lui au cas où ! Couple côte à côte dans ce qui apparaît comme meilleur symbole de ce rapport de la photographie à la sculpture qui elle, peut faire éclater le cadre stricte de l’image. Les œuvres de Roxane et notamment ses « femmes qui pleurent" ; magnifiques représentations de visages et de corps, sorte d’images langages qui offrent au passage des alternatives. Belle et singulière exposition à l’image de Roxane Maurer qui établissait une passerelle entre photographie et peinture, insufflant à ses œuvres, une poésie particulière.

A voir sans retenue pour le plaisir des yeux et du cœur.

Jacques Feuillet