Roxane Maurer

Artiste peintre – 1960-2014

SIGNES - Sous le regard de Francis Vladimir - 24 juillet 2015






Nicole Courtois et Roxane Maurer - 31 juillet 2015

C’est donc la seconde fois, que les curieux, les amis, les amoureux de l’art, les soutiens de l’espace Roxane Maurer se retrouvent aujourd’hui pour cette nouvelle exposition SIGNES qui confronte, associe, mêle et démêle les œuvres de 2 artistes Nicole Courtois et Roxane Maurer. On les nommera artistes plasticiennes, terme générique, quoique à y regarder de près et à laisser filer le regard d’une œuvre à l’autre on osera dire Poètes, tant il est vrai que l’artiste est celui qui sait par aventure, par réflexion, par engagement, par cocasserie et sans doute par reconnaissance respectueuse ou provocatrice pour tous ceux et celles qui l’ont précédé, restituer à sa manière, flamboyante ou grave, simple ou sophistiquée, son écot au monde qui l’a vu naître et laissé advenir et grandir parmi les humains.

Ainsi nous voici entourés d’œuvres que les auteurs de cette exposition ont placées sous la bannière des SIGNES. Belle proposition que ce titre qui donne une suite logique à la précédente exposition, la toute première de ce lieu et que nous avions choisi de nommer HUMANITÉS. Au pluriel, bien sûr. Car l’artiste toujours se doit de rendre compte de la multiplicité à l’infini des possibles. C’est ce qui advient naturellement avec Nicole Courtois et Roxane Maurer.

Pour la première d’entre elle, la découvrir c’est flirter avec un monde des origines. Le monde de la forme annonciatrice de l’objet et donc, le monde des possibles. C’est sans doute par la simplicité la plus dépouillée, la plus dénudée, la plus équarrie, que l’on accède à l’essentiel même si, la chair de la vie ne saurait être reniée car le goût s’accommode fort bien de la luxure des formes, des orgies de couleurs. En temps de pénurie les excès toujours captent l’attention des petits que nous sommes.

Je perçois bien que Nicole Courtois n’a d’autre désir que de nous promener dans son monde à elle, changeant, coloré du prisme de ses couleurs où la matière ainsi donne aux formes qu’elle fait naître un indéniable instinct des origines. Trésors enfouis dans la longue mémoire de la terre pour émerger sous le regard bienveillant de l’artiste par la seule magie de son travail. Comme si les Signes de cette exposition venaient nous rappeler d’où nous venons, où nous en sommes et où nous allons. Le fatalisme de la vie ne saurait être dissocié de l’exubérance de l’art D’une certaine manière Nicole Courtois au travers de cette installation, nous fait toucher à l’innocence de l’enfance, à la nôtre propre. A ces instants où tout peut encore paraître familier, proche, quotidien, au moment précis où nous découvrons le monde des objets et des formes qui nous reçoit, nous accepte, avant de, qui sait, en être rejetés.

Mais il n’y pas de peurs dans le travail de Nicole Courtois, Simplement cette recherche, apparentée au jeu, sans cesse remise sur l’ouvrage, qui se tisse et se détisse sous les mains d’une Pénélope de la terre mère et qui, par obstination, car l’artiste n’est rien moins qu’un être têtu, foncièrement désireux d’avancer sur des chemins qui, paradoxalement se rétrécissent. C’est sans doute pour cela qu’il innove à chaque fois car l’art toujours à une coudée d’avance sur l’artiste lui-même qui, dans un effort constant, répété, se mesure à lui, dans la joie ou le doute mais toujours avec force, vitalité et admiration.

Cette gloire de la vie d’artiste, n’est pas éloignée de celle de chacun d’entre nous. Vivre son art ne s’apparente pas moins à vivre sa vie. Nicole Courtois me pardonnera les inexactitudes que j’ai pu proférer sur son travail. Mais l’artiste véritable est bon et généreux envers les autres. Il ne peut en être autrement car l’art, s’il est passage vers le mystère est avant tout passerelle entre l’artiste et son public. Il est force et conviction originelle, une énergie irradiante et pour certains radieuse.

J’évoquerai le travail de Roxane Maurer. Je voudrais le faire avec toute la tendresse, la proximité qu’il m’a été donné de ressentir et que d’autres, ici, eurent pour elle.

Les Pictogrammes de Roxane Maurer, sont autant de correspondances, de hiéroglyphes, de signes qui bordent cette nouvelle exposition dans cet espace qu’elle souhaitait être avant toute chose un lieu d‘accueil où la convivialité et l’exigence seraient les bienvenues.

La maîtrise du dessin où elle excellait, son désir constant de se renouveler, d’emprunter des chemins vers ses contemporains, l’ont guidée vers cette forme en apparence fragmentée où par le jeu combiné de l’errance et du hasard qui guide l’artiste, au moyen de la photographie et du numérique, elle a cerné des instants qui sous nos yeux peuvent être reçus comme autant de signes emblématiques et symboliques de la vie humaine.

C’est à la quête, comme Nicole Courtois, d’un langage à partager, d’une pré-écriture, que Roxane Maurer a voué son intérêt et son travail lors de ses dernières années. La prescience de la fugacité de la vie, de son pouvoir tellurique, de sa force surhumaine, ont décuplé sa vitalité artistique, son désir affamé d’affirmer et de poser politiquement ses créations.

Que ces deux femmes artistes se soient croisées et rencontrées au sens le plus élevé du terme, montre qu’au-delà de la dérision à laquelle l’existence humaine est indissociablement scellée, l’art sait apposer son poinçon indélébile sur les esprits et les natures à l’écoute des hommes.

C’est à la libération de lui-même et de nous-mêmes à laquelle tend l’artiste. Il y accède par la hauteur, l’amplitude de ses études et de ses œuvres.

Face à cela, le chaos de la vie s’estompe, l’écriture de l’art s’affirme en toute simplicité pour chacun de nous, en chacun de nous, pour triompher pleinement comme un soleil qui consentirait à se lever pour ne plus disparaître de nos vies.



Francis Vladimir
24 juillet 2015