Roxane Maurer

Artiste peintre – 1960-2014

Citoyen Robespierre - 2010



EN 1989, THIERRY RENARD a participé, pour commémorer le bicentenaire de la Révolution, à un livre collectif de textes et de poèmes en hommage à la Grande Révolution française, comme l’appelaient les historiens soviétiques... « 89 poètes pour 89 ».

A la même époque, il a donné une série de cent cinquante émissions radiophoniques sur une station locale lyonnaise, du temps où les radios libres l’étaient encore... malheureusement, les bandes de ces chroniques révolutionnaires ont été perdues.

Il y a dix ans de cela, j’avais proposé à Thierry d’écrire un ouvrage personnel sur sa vision de la Révolution, plus exactement un essai sur Maximilien Robespierre qui a ouvert la liberté sur la vieille Europe monarchique.

LE BICENTENAIRE DE 1793 a en effet brillé par son absence ; l’absence de commémoration de l’action du gouvernement de la Convention et de la Ière République était volontaire, comme s’il fallait à tout prix bannir de notre Histoire cette période phare, comme s’il fallait effacer les noms des principaux dirigeants politiques de cette période, transformant les Robespierre, Saint-Just, Couthon et tous leurs amis en des dictateurs précurseurs des crimes du XXème siècle... comme s’il fallait taire la vérité et la laver du silence.
Dans le même temps, un nouveau courant d’historiens a participé activement à une contre-offensive idéologique, remettant en cause le travail fait notamment par l’Ecole des Annales.
On sait aujourd’hui que l’opinion publique préfabriquée aime les traîtres, les Vendéens ouvrant les bras à l’invasion anglaise et à l’obscurantisme religieux, et que les Résistants à l’occupant nazi et au régime honni du maréchalisme vichyste ont d’abord été dénoncés comme des terroristes...

L’HISTOIRE PASSE et la mémoire devient floue ; le référent de la Révolution française n’est plus aujourd’hui qu’un spectacle commercial vendéen « Son et Lumières », organisé par un « ci-devant », bien éloigné de l’histoire réelle et de ses contradictions.
Connaître demande trop d’efforts et le simplisme fait le lit des anachronismes, voire des oublis volontaires des événements qui ont construit cette courte et rapide histoire révolutionnaire. Elle a cependant fait la France.
C’est pourquoi, écrire aujourd’hui sur Maximilien Robespierre, sur ces années extraordinaires, est d’une singulière nécessité. Et lorsque Thierry Renard s’est de nouveau penché sur cette période au travers de Robespierre, le collectif des éditions BERENICE ne pouvait que l’encourager dans cette initiative.
Car nombreux sont ceux qui, de nos jours, dans l’ombre, continuent d’admirer l’œuvre politique de l’Incorruptible, son courage, sa rigueur et sa vertu, à l’heure où ces termes ne signifient plus grand chose, à l’heure où corruption, désintérêt et désillusion semblent avoir condamné le peuple français à l’abstention électorale et à une véritable aphasie politique.

LA FIDELITE AUX PRINCIPES a sauvé la Révolution française.

C’est certainement la raison pour laquelle elle a été si combattue et tant calomniée.

Citoyen Robespierre n’est pas un essai historique classique, encore moins une biographie d’universitaire. Thierry Renard nous donne ici un texte lumineux, sensible et vivant, en poète qu’il est.

Puisse ce texte - d’une haute portée politique - trouver les lecteurs qui auront dans un deuxième temps envie de se pencher sur les travaux des historiens, tels Soboul, Mathiez, Vovelle, Korngold...

Cette année, le Professeur Schwartzenberg a paraît-il proposé que le nom d’une avenue de Paris soit donné à Robespierre. Ce ne serait que justice. Ce livre pourrait être le premier acte de cette aventure. Tout comme il nous paraît normal qu’un cénotaphe soit élevé à Robespierre dans un cimetière de la capitale, comblant ainsi une autre injustice vieille de plus de deux siècles... avant son transfert au Panthéon ! C’est pourquoi la revue d’actualité littéraire et politique, gratuite sur le net, Vendémiaire (actpol@yahoo.fr), va lancer une large pétition internationale pour que cette injustice soit réparée.
Faut-il que la haine de la bourgeoisie soit encore présente, notamment au travers des médias, et identique à celle qui suivit le massacre des quelques quarante milles Communards, pour nier la grande œuvre de la Révolution et des deux années de la Convention...

IL AURA FALLU DIX ANS pour que ce livre voit le jour. Les années ne sont rien, et la malhonnêteté intellectuelle ne peut que raviver les résistances à l’oppression. Maximilien n’a pas voulu être le dictateur de la Convention. Fidèle à ses principes, il l’a payé de sa vie.

Nous donnons en annexe aux lecteurs deux documents historiques, le dernier discours de l’Incorruptible et le texte de la Constitution de la Ière République, jamais appliquée. La préface de Valère Staraselski présente le contexte social et politique dans lequel Maximilien Robespierre trouva son destin.

Ce livre et ces documents ont pour ambition d’aider à comprendre l’époque actuelle, qui balance entre un désir mortifère face aux exigences de la modernité, et qui se concrétise par l’offensive idéologique libérale déshumanisante, et une volonté de retourner à une essence démocratique de la République.

La proclamation de la mort des idéologies depuis les années 1980 n’a eu pour objectif que la valorisation de l’idéologie capitaliste.

Il reste à réinventer une alternative progressiste au désastre social qui s’annonce, en France, en Europe et dans le monde faisant suite à une véritable contre-révolution libérale en œuvre depuis 25 ans...

Il serait temps que des hommes politiques défendent enfin l’intérêt général, celui du peuple. Il serait temps que la liberté, l’égalité, la fraternité commencent enfin à vivre de concert !

Le fondement unique de la société civile, c’est la morale - Convention nationale, 18 floréal an II.

C’est à l’opinion qu’il appartient de juger les hommes qui gouvernent, et non à ceux-ci de maîtriser et de créer l’opinion publique - Le Défenseur de la constitution, n° VIII.

Le peuple ne demande que le nécessaire, il ne veut que justice et tranquillité ; les riches prétendent à tout, ils veulent tout envahir et tout dominer. Les abus sont l’ouvrage et le domaine des riches, ils sont les fléaux du peuple ; l’intérêt du peuple est l’intérêt général, celui des riches est l’intérêt particulier - Club des Cordeliers, 20 avril 1791.

Ces mots sont de Maximilien Robespierre.

Qui pourrait dire aujourd’hui qu’ils ne sont plus d’actualité ?

Jean-Michel Platier
pour les éditions BERENICE

P.S.

Citoyen Robespierre de Thierry Renard
éd. Bérénice
coll. Cétacé, 155 pages, 10 euros.
Illustrations d’Roxane Maurer

Ce livre est disponible chez l’éditeur, franco de port, au 11 rue de la Glacière 75013 Paris.